Paul-Hyacinthe Arrighi dit “Bébé” est né à Ventiseri le 20 octobre 1915 où son père exerçait la profession de facteur, sa mère est décédée alors qu’il avait 2-3 ans.
Muté à Bastia, son père se remaria et installa sa famille près du vieux port.
Le fait de vivre en ville lui a permis de suivre une scolarité jusqu’à l’obtention de la première partie du bac. Il maitrisait bien l’anglais. Comme il était très bon en sport, il se destinait à être professeur d’éducation physique.
Il fut appelé sous les drapeaux en octobre 1936 et libéré en octobre 1938.

Seconde Guerre mondiale

Il est rappelé en mars 1939. Après sa démobilisation en juillet 1940, il chercha en vain à rejoindre l’ Angleterre et les FFL. Il devint agent de renseignement au service des alliés

Résistance en Corse

À l’automne 1942, Paul-Hyacinthe Arrighi dit Bébé fut parmi les premiers à prendre les armes contre l’occupation italienne comme l’indique le général Fernand Gambiez dans son livre Libération de la Corse.

Au côté de son ami Dominique Vincetti, Bébé Arrighi faisait partie des résistants qui sous la direction de François Vittori gardaient la grotte de Porri , village qui fut un quartier général de la Libération de la Corse.

Bébé accompagnait régulièrement Dominique Vincetti lequel était chargé de diriger la récupération et de la distribution des armes parachutées par les alliés ou livrées par des sous-marins anglais ou français comme le Casasabianca.

Le débarquement du Travo

Bébé était présent avec Dominique Vincetti dans la nuit du 9 juin 1943 à l’embouchure du Travo  avec les principaux dirigeants de la Résistance Armée: Paulin Colonna d’Istria , Jean Nicoli,  Dominique Lucchini dit Ribellu et Jules Mondoloni pour réceptionner les armes dont un premier chargement a été déposé sur la plage par un sous marin anglais .

Suite à un échange de coups de feu avec l’armée italienne Paulin Colonna d’Istria est obligé d’embarquer dans le sous marin qui prend le large, les autres  cachent les armes en 3 dépôts dont un près de la voie de chemin de fer.Le lendemain matin près de la plage  « Ribellu » menacé d’être arrêté par les carabiniers abat deux d’entre eux et s’enfuit. Il retrouve le reste de l’équipe près du dépot près de la ligne ferrovière et se répartissent les armes.

Dominique Vincetti et bébé Arrighi prennent le train à Vivario pour rejoindre Bastia .Ces deux amis reviendront pour remettre les armes restant dans les deux autres caches aux patriotes du Fium Orbo.

Du Travo, Dominique et Hyacinthe rapportèrent des armes mais surtout un poste de radio. C’est de ce poste que le 8 septembre 1943, du clocher de Porri , le Radio Bertrand enverra à Alger le message du soulèvement populaire décidé pour le lendemain 9.

Arrestation et spectaculaire évasion

Dénoncé et arrêté à Silvareccio suite à cette opération, Bebé Arrighi fut incarcéré à la prison Marbeuf. Il résista à la torture et déchira les dépositions des témoins. Il réussit à s’évader de cette prison le 27 juillet 1943, après une préparation minutieuse de plusieurs nuits, en perçant le mur de sa cellule et s’échappant par le musée voisin.

Bien que souffrant de ses blessures, il parvient à rejoindre les résistants de la Casinca .Voir les témoignages:de son épouse  Marinette Arrighi et celui de Pierre Campana de Casalta

Cette évasion eut un large écho, elle aurait été évoquée par Radio Londres. Elle est qualifiée de « sensationnelle » par la Résistance corse. Cet épisode sera évoqué dans la bande dessinée « Vendetta » publiée en 1947.

Libération de la Corse

Bébé Arrighi reprend le combat jusqu’à la libération de la Corse: il prépare et participe à la bataille de Champlan le 10 septembre 1943 où en tant que capitaine FFI, aux côtés de François Vittori lequel est à la tête de 200 partisans, il attaque un dépôt d’essence et de munitions et met 85 Allemands hors de combat. Les assaillants ne subissent que des pertes minimes. La part prise par Bébé Arrighi à la bataille de Champlan est un des principaux faits d’armes qui lui vaudront l’attribution de la croix de guerre.

La Presse de la France Libre  fait l’éloge des Résistants de la Casinca

Silvareccio , Pépinière de Héros
article du Patriote 16/02/1944

Hebdomadaire Liberté publié à Alger le 30 septembre 1943

Libération de la France

Après la libération de la Corse Bébé Arrighi rejoint le 1er choc du commandant Fernand Gambiez et débarque au Rayol-Canadel  dans la nuit du 14 au 15 août 1944 lors du Débarquement de Provence. Il continue le combat jusqu’à la fin de la guerre.

D’après son fils Jean-Jacques il aurait participé à la neutralisation à la grenade des blockhaus du Mont Faron qui dominaient Toulon

Après guerre

Après la guerre, Paul-Hyacinthe Arrighi décline un poste de lieutenant de gendarmerie.
Il s’était marié en janvier 1943, et il reprend avec son épouse Marinette Arrighi l’exploitation du bar de la famille Silvareccio.

Antoine Ciosi y a vu la présence d’un ancien container de juillet 1943 transformé en pot de fleurs.
Encore écolier à l’époque de la Résistance , ce célèbre chanteur et écrivain évoque cette période dans son livre de souvenirs  »Une odeur de figuier sauvage, Une enfance corse » et y décrit comment son imagination était exaltée par la vision des corolles blanches des parachutes et par l’activité de Dominique Vincetti et de Bébé Arrighi à leur arrivée au sommet du Saint Angelo qui domine la Casinca

Tant qu’il a pu Bébé s’occupe activement des anciens résistants et veille à ce que l’originalité de leur combat ne soit pas ignorée ou déformée.

Bébé Arrighi est décoré chevalier de l’ordre national du mérite en septembre 1983 à l’occasion de la venue du président François Mitterand lors de la 40 eme célébration de la libération de la Corse comme membre actif de l’association natio­nale des anciens combattants de la Résistance;47ans d’activités professionnelles et de services militaires.

Distinctions

  • Médaille Militaire, par décret du 3 janvier 1944.
  • Croix de Guerre 1939-1945 avec palmes, avec citation : « Patriote et franc-tireur d’un cran  et d’une audace extraordinaire. S’est mis en vedette pendant la période préparatoire par l’exécution-de plusieurs missions périlleuses et par une évasion retentissante. A participé aux combats libérateurs et s’est magnifiquement conduit, notamment à Champlan où le groupe qu’il commandait infligea de lourdes pertes aux Allemands. »
  • Croix du Combattant Volontaire 1939-1945.
  • Diplôme d’honneur du Gouvernement militaire de la Corse, décerné par Paulin Colonna d’Istria un des chefs de la Résistance en Corse le 25 avril 1944.
  • Silver Laurel Leaf Emblem pour services rendus, récompense remise le 26 novembre 1946 par la Couronne britannique.
  • Médaille de la Résistance Française décret du 31/03/1947 Jo 29/01/1948
  • Chevalier de l’ordre National du Mérite 1983. Journal officiel de la République française. Lois et décrets. Numéro complémentaire (version papier numérisée) n° 0208 du 08/09/1983 – Texte en accès protégé

Notes et références

  • Fernand Gambiez, Libération de la Corse, Paris, Hachette, 1973
  • Maurice Choury, Tous bandits d’honneur ! Résistance et libération de la Corse, juin 1940 – octobre 1943, Éditions sociales, 1956, p. 91-94,112-113, 162-163.
  • L’évasion de Bébé Arrighi en bande dessinée, dans Vendetta, textes de Maurice Choury et Arthur Giovoni, illustrations d’Eugène Gire (Giroud), 1947.
  • Maurice Choury Tous Bandits d’honneur ! Résistance et Libération de la Corse juin 1940-Octobre 1943  Nouvelle Edition  en 2011 éditeur Alain Piazzola ISBN=978-2-91-5410-99-0 Bébé est cité aux pages 30,64,67,79,80,94,97,138,139
  • Antoine Ciosi  Une odeur de figuier sauvage  paru en 1999 chez Albin Michel  ISBN=978-2-22-6108-55-5  Bébé y est évoqué au chapitre 22 pages 158 et 159

Liens externes

https://maitron.fr/spip.php?article243017, notice ARRIGHI Paul, Hyacinthe, dit « Bébé »., version mise en ligne le 11 octobre 2021, dernière modification le 11 octobre 2021.

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